Lula à Cuba
L’île traverse sa pire crise économique
Le président Brésilien essayera de récupérer une dette de 1 milliard de $ !
« L’effondrement de l’Union soviétique au début des années 1990 a été un coup dur pour Cuba. Aujourd’hui, c’est bien pire. C’est comme si Cuba roulait sur une échelle dont le bout n’est nulle part en vue », a dit un économiste de l’université de La Havane (qui a voulu garder l’anonymat) à BBC News Brasil. Ce constat est partagé par la grande majorité des Cubains.
En 2023, affirment-ils, le pays est plongé dans la plus grande crise économique depuis la victoire de la révolution communiste menée par Fidel Castro et Ernesto Che Guevara en 1959.
C’est dans ce contexte que le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva atterrira à La Havane ce vendredi 15 septembre pour une visite d’environ 48 heures. Avant d’ouvrir l’Assemblée générale des Nations unies à New York pour la huitième fois de sa vie — et la première fois au cours de son troisième mandat — la semaine prochaine. Il s’exprimera lors du G77+Chine, un forum réunissant plus de 100 pays de ce que l’on appelle le « Sud global », qui se tiendra à La Havane.
L’accueil de l’événement par Cuba sera très utile à Lula, qui profitera de son séjour à La Havane pour relancer des relations politiques pratiquement gelées ces dernières années et, en particulier, pour rouvrir les négociations avec les Cubains afin qu’ils reprennent le paiement d’une dette d’un milliard de dollars qu’ils doivent au Brésil pour le financement de la construction de l’emblématique port de Mariel.
La légende de cette photo publiée dans la presse brésilienne explique que les Cubains ne peuvent même pas retirer tout ou partie de leur argent dans les banques. Le gouvernement limite drastiquement les retraits en liquide.
À 45 km de La Havane, desservie par des autoroutes, un chemin de fer rénové et plusieurs aéroports, la ZED Mariel est située en plein cœur de la zone caraïbe, tout près de Panama et de la Floride. Le port a été en grande partie financé par le Brésil à partir de 2014.
Ce n’est pas gagné, car l’île est économiquement exsangue. L’inflation y est galopante et les pénuries sont quotidiennes. Un simple citron peut coûter plus de deux dollars.
Les journalistes de la BBC et de CNN ont recueilli beaucoup de témoignages. Mais toutes celles et tous ceux qui se sont exprimés ouvertement ont requis l’anonymat. C’est dire le contexte répressif contre les citoyens qui osent se plaindre. Et pourtant il y a de quoi : « La population doit maintenant choisir : soit elle mange, soit elle achète de l’essence, soit elle paie une carte SIM avec la 4G ».
Toutefois, il y avait eu une petite relance économique dans les années 2010, grâce au tourisme et au développement de petites entreprises. 4,2 millions de personnes avaient visité l’île souvent au départ du Canada ou de pays d’Amérique latine, car il y a très peu de vols réguliers), mais la pandémie est passée par là. Les autorités cubaines ont imité la Chine et ont totalement fermé le pays aux étrangers. On a d’ailleurs très peu de données sur les conséquences de la maladie sur les habitants. Et plus récemment, la guerre en Ukraine a fait exploser le coût des denrées alimentaires et de l’énergie sur le marché international, auquel Cuba doit recourir, car sa production locale est insuffisante.
C’est donc dans ce contexte que Lula da Silva (PT) se rendra dans la capitale cubaine ce vendredi. À La Havane, il participera au sommet G77+Chine. Samedi 16, il sera le premier à s’exprimer lors du sommet, dont les thèmes sont « les défis actuels du développement : le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation ». Deux réunions bilatérales figurent à l’ordre du jour de la présidente brésilienne. La première rencontre aura lieu avec le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Lula rencontrera ensuite le président cubain Miguel Diaz-Canel auprès duquel il tentera de le convaincre de reprendre le remboursement de la dette de Cuba auprès du Brésil. Les deux réunions se tiendront à huis clos. Il s’agit de la première visite d’un président brésilien à Cuba depuis 2014.
Lula s’est déjà rendu dans le pays en 2003, 2008 et 2010.
Depuis La Havane, Lula da Silva se rendra aux États-Unis, à New York, pour l’Assemblée générale des Nations unies.
La Une de l’organe officiel du Parti communiste cubain. Granma était le nom du bateau utilisé par Fidel Castro et 82 guérilleros partis de Tuxpan pour débarquer le sur la plage de Las Coloradas à Niquero, au sud-est de Cuba.