Uruguay : de l’eau salée au robinet

Uruguay : de l’eau salé au robinet

Le pays n’est pas encore sorti de la plus grande sécheresse depuis des décennies

 

Entre mai et août, l’Uruguay a connu sa pire sécheresse depuis 74 ans. Le Paso Severino, principal réservoir desservant Montevideo et ses environs, n’étant pas en mesure d’assurer l’approvisionnement régulier en eau, les villes touchées ont dû se tourner vers un petit réservoir, Aguas Corrientes, dont les réserves sont plus salines. À certains endroits la pénurie d’eau potable persiste en cette première quinzaine de septembre.

La sécheresse a été causée par Niña (ou El Niño), un phénomène qui refroidit l’océan Pacifique et modifie le régime des pluies et la circulation des vents. Comme il s’agit d’un phénomène attendu, il aurait été possible d’empêcher Paso Severino de se vider. Il aurait suffi d’un minimum de planification.

Plusieurs manifestations ont eu lieu durant l’été

Dans le magazine Piauí, Denise Mota a tenu un journal pour raconter comment Montevideo a fait face à la pénurie d’eau : « La crise de l’eau a frappé de plein fouet les Uruguayens », écrit la journaliste de São Paulo, qui vit dans la capitale uruguayenne depuis 2005. « Vivre sous les contraintes de la sécheresse semble absurde pour Montevideo, une ville née sur les rives de la Plata et dans un pays qui occupe 5 % de l’aquifère Guarani, la deuxième plus grande réserve d’eau douce au monde ».

Trois années de pénurie

Mais la situation ne date pas d’hier. En effet, depuis trois ans, maintenant, l’Uruguay est confronté à une hausse de températures et à une grande sécheresse. Dans ce pays d’Amérique latine, réputé pour sa côte bordée de plages et son arrière-pays verdoyant, la situation s’est aggravée ces derniers mois…

 

Récemment, comme plusieurs médias (dont CNN) l’ont relaté, les habitants de la région métropolitaine de Montevideo, la capitale, se sont vus contraints de boire une eau chargée en sel ! L’entreprise publique Obras Sanitarias del Estado qui a pour tâche la distribution, la collecte et la distribution d’eau potable a concocté un mélange de plusieurs eaux, en s’approvisionnant partiellement dans des sources situées à proximité du Río de la Plata. Problème, cet estuaire commun aux fleuves Uruguay et Paraná reçoit les eaux salées en provenance de l’océan Atlantique. Carlos Santos, maître de conférences en anthropologie à l’université de la République en Uruguay et membre de la Commission nationale pour la défense de l’eau et de la vie (CNDAV), a confié à CNN que l’eau du robinet était impropre à la consommation dans la capitale : « C’est imbuvable, à cause de la salinité. Même les animaux de compagnie ne veulent pas y toucher ».

Sources : Revista Piauí, CNN Brasil, Página12.