Pérou : Des ados tueurs à gage

Ces dernières années, au Pérou, la délinquance juvénile a augmenté. Aujourd’hui, des adolescents sont employés par des organisations criminelles comme tueurs à gages.

 

Déjà dans les années 1990, un nom est devenu célèbre : Juan Aguilar Chacón, alias Negro Canebo. C’était un délinquant chevronné qui, à l’âge de 17 ans, était déjà redouté, entre autres, pour avoir révolvérisé un policier. Il était également connu pour organiser les évasions les plus spectaculaires du Centro Juvenil de Diagnóstico y Rehabilitación de Lima, plus connu sous le nom de Maranguita. Il était totalement incontrôlable.

Vingt ans plus tard, un autre adolescent s’est fait connaître. Il se faisait appeler Gringasho. De son vrai nom Alexander Pérez. La vie criminelle de ce jeune délinquant a commencé, selon la police, à l’âge de 12 ans. À cet âge, il commettait déjà des crimes pour le compte de son oncle Roberto Gutiérrez Guzmán, alias El Soli, chef de l’organisation criminelle Los Malditos de Río Seco, qui opérait dans le nord du pays. En 2012, il a été condamné à seulement dix ans de prison. Ce qui veut dire, comme le souligne le journal La República (Lima), qu’il sortira à 28 ans avec encore de longues années criminelles devant lui. Son entrée précoce dans le monde de la pègre lui a permis d’accumuler en quelques années un important palmarès d’évasions et de condamnations. À 13 ans, il est devenu l’un des criminels les plus recherchés et les plus redoutés de la région. En 2019, il a été transféré à la prison de Challapalca, une prison de haute sécurité située dans la province de Tarata, à Tacna. En effet, il a été découvert que Gringasho coordonnait des activités illicites avec d’autres détenus par le biais d’un appel téléphonique.

Récapitulons : En 2011, Gringasho a assassiné trois personnes à El Porvenir, Trujillo, ce qui lui a valu d’être capturé et réincarcéré dans un pénitencier pour mineurs. En janvier 2012, il a été condamné à six ans de prison pour les meurtres de plusieurs personnes. Cependant, en avril de la même année, il s’est évadé avec d’autres détenus. Cependant, des policiers ont réussi à le capturer, en mai 2012, à l’auberge Zaffiro dans le quartier de Los Olivos. Puis il s’est évadé une deuxième fois. Il a été repris en 2013 dans le district de Santa Anita.

Depuis lors, les cas de mineurs utilisés dans des crimes violents tels que les meurtres par contrat ont augmenté. Le 10 septembre de cette année, un mineur de 17 ans, qui se trouvait dans l’aire de jeux du centre commercial Minka à Callao, a tué par balle un autre adolescent, âgé de 16 ans.

À Sullana, un mineur de 15 ans est accusé de faire partie de la branche armée de l’organisation criminelle Los Bolongos. Les exemples de ce type ne manquent pas au Pérou. Et c’est cette situation, ainsi que d’autres associant des adolescents et des enfants à des crimes graves tels que le vol aggravé et le viol, qui ont conduit les autorités à s’interroger à plusieurs reprises sur l’opportunité d’appliquer des sanctions drastiques aux mineurs comme s’il s’agissait d’adultes.

 

Impunité

Selon le programme national des centres pour mineurs du ministère péruvien de la Justice et des droits de l’Homme, 1 861 adolescents se trouvent actuellement dans les centres de diagnostic et de réadaptation pour mineurs de tout le pays. Les délits les plus courants commis par ces adolescents sont les vols aggravés (885), suivis de viols (418) et d’homicides aggravés (108). Mais seuls sept d’entre eux sont incarcérés.

Au Pérou, lorsqu’un mineur commet un acte illégal, quelle que soit sa gravité, il est considéré comme un délinquant.

Le code de responsabilité pénale des adolescents (décret législatif n° 1348) s’applique à eux et établit comme sanction maximale la mesure socio-éducative d’internement de six ans. Exceptionnellement, il détermine un internement de huit à dix ans pour les cas de meurtres, de viols sur mineur suivis de mort lorsque l’auteur est âgé de plus de 16 ans. Mais cette dernière peine est rarement, voire jamais, appliquée.

Les adolescents sont également utilisés pour extorquer, voler ou commettre toutes sortes de délits graves. « Ils le font parce qu’ils savent que les mineurs sont quasi à l’abri de poursuites et qu’il ne leur arrivera rien. Je pense qu’ils devraient être punis, que les dispositions du Code pénal devraient leur être appliquées dès l’âge de 16 ans », a déclaré à Perú21 l’avocate Carmela de Orbegoso Russell, docteur en droit et auteur de plusieurs livres sur l » adolescence criminelle et la protection de l’enfance.

Sources : Perú21, La República, archives personnelles