L’Essequibo, une région riche en ressources naturelles, est au cœur d’une dispute territoriale entre le Venezuela et le Guyana
La Guayana Esequiba connue également sous le nom de Territorio Esequibo ou, au Venezuela, de Zona en reclamación, est le nom donné, au Venezuela, à la partie occidentale du Guyana située entre la frontière internationalement reconnue entre les deux pays et le fleuve Essequibo. Ce territoire, d’une superficie de 159 500 km2, a été incorporé à la République coopérative du Guyana dont il représente environ les deux tiers du territoire. Le Venezuela en réclame la souveraineté depuis de longues années, particulièrement depuis 1966. Maduro veut un référendum.
Lundi 4 & mardi 5 décembre 2023 :
Les Vénézuéliens ont dit oui à Maduro. Enfin, celles et ceux qui ont voté au référendum de dimanche. Les électeurs ont du coup rejeté la compétence de la Cour internationale de justice sur le différend territorial qui oppose depuis longtemps le pays au Guyana voisin et ont soutenu la création d’un nouvel État (en fait un département vénézuélien) dans la région d’Essequibo. Maduro osera-t-il attaquer militairement le Guyana ? Le Conseil national électoral (CNE) a déclaré que 10 554 320 votes avaient été comptabilisés, sans préciser s’ils correspondent au même nombre d’électeurs ou s’ils sont comptés comme 5 votes par électeur en référence aux 5 questions différentes. Les journalistes étrangers sur place ont pourtant constaté que beaucoup de bureaux de vote étaient souvent déserts.
D’ailleurs beaucoup de Vénézuéliens considèrent qu’il s’agissait d’un pseudo référendum et que Maduro a, en fait, subi une lourde défaite avec un taux de participation n’excédant pas 8 % et se situant dans certains endroits autour de 5 %. À ce propos, suivez le compte Twitter (X) de Rodrigo Figueredo (@GeorgeArtwell)
Coté Guyana, il n’y a rien à discuter et le gouvernement a demandé à ses citoyens de ne pas se laisser « effrayer » par les événements qui se déroulent dans le pays voisin.
Le conseiller spécial de Lula, Celso Amorim, envoyé en urgence à Caracas, a déclaré au président vénézuélien Nicolás Maduro que la situation avec le Guyana pourrait devenir incontrôlable et que le Brésil ne voulait pas de la présence de troupes étrangères en Amazonie.
De son côté, N. Maduro a assuré qu’il n’y aurait pas de guerre, mais la rhétorique et les déclarations publiques des autorités vénézuéliennes continuent d’inquiéter le Brésil.
Pour le Brésil, l’Amazonie est une zone sensible et d’autres pays pourraient s’impliquer dans le conflit pour défendre le Guyana, comme les Etats-Unis. De plus, cela coûterait des vies des deux côtés et il y aurait un risque de dérapage vers le territoire brésilien.
Le seul accès terrestre du Venezuela au Guyana est une route qui passe par le Brésil. Le ministre de la défense, José Múcio, a déclaré à Caio Junqueira, analyste de CNN, que le Brésil n’autoriserait pas l’accès à cette route.
L’analyse de Brasília est que Maduro veut changer l’agenda au Venezuela, en abandonnant les élections présidentielles et en essayant d’unir le pays autour d’un ennemi commun. Et que l’invasion de l’ancienne Guyane britannique serait un coup de bluff.Ce qui est surveillé de près, c’est le risque d’une manœuvre diplomatique ou militaire de la part des Vénézuéliens.
Toutefois, l’armée brésilienne n’a détecté aucun mouvement militaire dans la région assez difficile d’accès avec la densité de la forêt amazonienne. D’autre part, les chancelleries commencent à mettre sérieusement en doute la portée d’un référendum qui a été loin de remporter le succès vanté par Maduro. En effet, la consultation n’aurait pas du tout mobilisé 50 ou 60 % des électeurs mais sans doute entre 5 et 8 %.
À Georgetown, Bharrat Jagdeo, vice-président du Guyana, a déclaré dans une interview qu’il se préparait au pire et que le gouvernement travaillait avec des partenaires pour renforcer la « coopération en matière de défense ». » Nous devons être préparés, nous ne pouvons pas baisser la garde ou devenir moins vigilants. Les dirigeants vénézuéliens ont déjà montré qu’ils étaient imprévisibles et nous travaillons donc avec nos partenaires pour renforcer la coopération en matière de défense afin que, si le pire devait arriver, nous puissions défendre notre pays », a-t-il ajouté.
Le département d’État américain a déclaré quant à lui qu’il était favorable à une résolution pacifique du conflit frontalier et que cette question ne pouvait être tranchée par un référendum.
Mise à jour du dimanche 3 décembre : La consultation a bien eu lieu. Toutefois, les nombreux bureaux de vote n’ont pas attiré les foules, selon les journalistes étrangers présents à Caracas et à Ciudad Guayana, capitale de la région vénézuélienne limitrophe de l’Essequibo.
L’armée brésilienne a porté à 130 le nombre de soldats patrouillant à la frontière avec le Venezuela. La section spéciale des frontières à Pacaraima, Roraima, qui opère normalement avec 70 hommes, a été renforcée par 60 soldats supplémentaires.
Le Brésil a lancé des appels répétés au gouvernement vénézuélien pour qu’il évite les conflits avec le Guyana. Le pays, qui partage une frontière avec les deux pays, souhaite que la région reste pacifique. Lula a envoyé son conseiller spécial, Celso Amorim, à Caracas pour calmer Maduro, et s’est entretenu par vidéoconférence avec le président du Guyana, Irfaan Ali.
Le Brésil considère cette situation tendue comme « inappropriée au milieu des négociations entre le gouvernement Maduro, l’opposition et les États-Unis » pour organiser des élections libres en échange de la levée des sanctions. Avant-hier, la Cour internationale de justice a « ordonné » au Venezuela de s’abstenir de pénétrer dans la zone contestée. Tout au long de la journée de dimanche, au Guyana, des milliers de personnes ont formé des chaînes humaines le long des routes du pays.
Nicolás Maduro voulait donc un référendum pour la création de l’Etat vénézuélien de Guayana Esequiba et l’octroi de la nationalité vénézuélienne à ses habitants. Riche en pétrole et en minerais, l’Essequibo est stratégique pour les deux nations. Le conflit a connu une escalade récente avec la décision du Venezuela d’organiser un referendum le 3 décembre 2023, visant à annexer cette région. Plus de trois millions de Vénézuéliens ont participé à une répétition de ce référendum, malgré les protestations du Guyana qui considère cette action comme une menace existentielle. Le Guyana, appuyé par la Cour internationale de justice de La Haye, a demandé l’arrêt immédiat de ce referendum, le qualifiant d’unilatéral et illégal. La région est donc, pour les deux pays, un enjeu géopolitique majeur, d’autant plus depuis la découverte d’importants gisements de pétrole dans la région en 2015.
1899
Dans la sentence arbitrale du 3 octobre 1899, les frontières du Guyana (alors Guyane britannique) et du Venezuela ont été fixées, le Venezuela héritant de 13 000 kilomètres carrés de ce qui était alors le territoire de la Guyane britannique.
Le Venezuela était tenu, en vertu du droit international, de respecter cette sentence, ce qu’il a fait pendant les six décennies suivantes. Toutefois, au début de l’indépendance du Guyana en 1966, le Venezuela a eu recours à diverses stratégies et a contesté la sentence.
Les présidents successifs du Venezuela ont commis une série d’actes d’agression contre le Guyana, depuis un décret présidentiel de juin 1968 jusqu’au décret du président Nicolás Maduro du 26 mai 2015, qui visait à étendre les revendications territoriales du Venezuela pour annexer également l’espace maritime du pays. À la mi-février 2017, le nouveau secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a nommé le Norvégien Dag Halvor Nylander comme son représentant personnel pour la controverse frontalière, dans un dernier effort de dialogue pour régler la question. Cette tentative a échoué.
Le Guyana est soutenu par les États-Unis et par la Communauté Caribéenne (Caricom). Il a déposé une motion auprès de la Cour internationale de justice à La Haye pour empêcher cette consultation.
Guerre en vue ?
Gesticulations de la part de Maduro ou véritable volonté de détourner l’attention des Vénézuéliens de la terrible crise économique qu’ils traversent ?
Toujours est-il que les pays voisins sont inquiets. Ce referendum serait en fait une sorte de permis, pour le dictateur, d’agir dans la région, donc, peut-être d’aller à la guerre.
L’Essequibo abrite la mine d’or d’Omai, l’une des plus importantes du bouclier guyanais et l’une des principales sources de revenus du Guyana. Rien qu’entre 1993 et 2005, Omai a produit plus de 3,7 millions d’onces d’or. Mais les eaux territoriales de la zone contestée recèlent également d’immenses richesses pétrolières. De 2015 à aujourd’hui, la multinationale ExxonMobil et ses partenaires ont fait 46 découvertes qui ont porté les réserves de pétrole du Guyana à environ 11 milliards de barils, ce qui représente 0,6 % de la production mondiale totale.
Ce que l’on appelle communément les Guyanes, comprend les plateaux sud-est du Venezuela, le Guyana, le Surinam, la Guyane française et l’Amapá brésilien.
On lira avec intérêt cet article : « Frontières et circulations dans les Guyanes » sur la géopolitique des cinq Guyanes, sur la revue franco-brésilienne Confins.