Une étude publiée dans les médias brésiliens a recensé au moins 22 factions criminelles opérant dans la région amazonienne.

L’étude est une cartographie de la violence en Amazonie. Elle est publiée ce jeudi 30 novembre par le Forum brésilien pour la sécurité publique et l’Institut Mãe Crioula, et dépeint ce que l’on peut définir comme une superposition de nouveaux et d’anciens défis pour la région, qui est sous les feux de la rampe dans le contexte du changement climatique et de la COP28 à Dubaï.

Les auteurs de l’étude ont répertorié au moins 22 factions criminelles opérant en Amazonie légale, dans au moins 178 des 772 municipalités de la région — en d’autres termes, près d’une ville amazonienne sur quatre compte une présence de ces groupes armés. Ces villes concentrent près de 58 % de la population totale de l’Amazonie.

Entre 2019 et 2022, les saisies de cocaïne par la police d’État en Amazonie ont augmenté de 194,1 %, totalisant plus de 20 tonnes, dont 14 tonnes dans le seul État du Mato Grosso. La police fédérale a saisi 32 tonnes de drogue, soit une augmentation de 184,4 % par rapport à 2019.

Selon les auteurs de l’étude, l’hypothèse la plus plausible pour expliquer cette augmentation est celle d’une croissance de 35 % de la production de coca dans trois pays limitrophes de la région (Colombie, Pérou et Bolivie), ce qui a entraîné une augmentation du volume de cocaïne en circulation et des saisies. Dans le même temps, la région amazonienne a enregistré une augmentation de 85,3 % des crimes liés à la déforestation entre 2018 et 2022, de 51,3 % des cas d’incendies criminels et de 275,7 % des incidents liés à l’accaparement de terres.

L’extraction de l’or a également connu une augmentation significative : les taxes perçues ont augmenté de 294,7 % en Amazonie légale, contre 153,4 % au Brésil. Ces données peuvent présumer de la légalité des actions, mais l’étude met en évidence des systèmes de blanchiment et la légalisation du minerai extrait sur les terres indigènes, comme celles des Yanomamis.

 Problèmes qui se chevauchent

« L’Amazonie coexiste avec la permanence de divers réseaux et marchés criminels, tels que le travail analogue à l’esclavage et l’exploitation sexuelle, qui alimentent le réseau de la traite des êtres humains. Il existe également une forte concentration de conflits fonciers résultant de l’invasion des terres indigènes et de l’accaparement de terres publiques, de crimes environnementaux dus à l’exploitation forestière et minière illégale, ainsi que de la biopiraterie et de la pêche prédatrice », souligne l’étude.

 

« Outre ces faits, la région amazonienne est également confrontée à des actions liées à l’économie criminelle, organisées en réseaux qui défient le pouvoir de l’État, y compris le trafic de stupéfiants », précisent les auteurs.

L’une des responsables de l’étude, la directrice exécutive du Forum, Samira Bueno, souligne la complexité des « problèmes nouveaux et anciens en Amazonie (…) Ce n’est pas un hasard si les villes les plus violentes de l’Amazonie se trouvent dans des régions forestières ».

La logistique de l’exploitation minière et forestière illégale se superpose à celle du trafic de drogue, ce qui conduit à l’internalisation de la violence dans la forêt, et ne se limite pas aux zones urbaines de la région.