Les ministères brésiliens de l’Éducation et de la Défense unis pour militariser l’Éducation

À Brasília, où le modèle a été appliqué au début de l’année, les parents et les enseignants le rejettent

 

Le programme du gouvernement fédéral, lancé la semaine dernière encourage la création d’écoles civiques et militaires dans les États et les municipalités. Il a provoqué les réactions des enseignants, des parlementaires et des spécialistes de l’éducation. Annoncé par le président Jair Bolsonaro (PSL), le projet vise à mettre en place 216 unités présentant ce profil dans tout le pays jusqu’en 2023, avec une moyenne de 54 écoles par an.

( Crédits : NELSON ALMEIDA )

Articulé par les ministères de l’Éducation et de la Défense, le programme prévoit que le personnel de réserve des forces armées travaille dans les écoles publiques ordinaires et de l’enseignement secondaire. En ce qui concerne les enseignants civils, le gouvernement déclare que l’objectif du programme est de les tenir responsables de la partie didactique alors toute la gestion ordinaire des unités scolaires serait prise en charge par l’armée.

En plus des membres des forces armées, le programme permet aux États et aux municipalités de transférer des pompiers et des policiers afin d’agir dans l’organisation des institutions et d’assister la partie discipline (ou plutôt disciplinaire) des unités d’enseignement.

Lors du lancement du programme, le secrétaire à l’Éducation de basic du MEC (le Ministère), Janio Carlos Endo Macedo, a déclaré qu’il serait responsable de la « gestion comportementale ». Le programme s’articulera autour de trois axes : pédagogique, didactique et administratif. Ensemble, ils englobent des activités de supervision, de psychopédagogie, d’organisation et de renforcement des valeurs « humaines, éthiques et morales ».

L’initiative d’élargir les écoles militaires a pour scénario une avancée conservatrice dans le pays, marquée, par exemple, par la proximité entre le chef de l’exécutif et les forces armées. Bolsonaro est connu pour ses références élogieuses à la doctrine militaire et à la torture.

Pour le député de district Fábio Felix (Psol), qui accompagne la question des écoles civico-militaires dans le district fédéral (DF), où des unités de ce modèle sont déjà une réalité depuis le début de l’année, le gouvernement Bolsonaro tenterait, avec ce nouveau programme, d’embrigader les élèves dans une vision militaire et inégalitaire de la société.

« C’est une intervention absolument néfaste dans l’éducation brésilienne, car elle l’utilise de manière très idéologique pour tenter d’imposer et d’enraciner le discours de l’extrême droite au Brésil. [Bolsonaro] veut imposer un modèle d’éducation pour mener une guerre idéologique », analyse le parlementaire.

En raison de ces pratiques militaires et d’autres, le projet gouvernemental suscite l’inquiétude des éducateurs au courant des performances militaires dans les écoles à l’époque de la dictature, comme c’est le cas du professeur Robson Eleutério. Il estime que la présence militaire dans les unités scolaires comporte un risque symbolique et tend à compromettre la formation des étudiants.  

« Cela n’améliorera en rien la partie la plus importante du sujet, à savoir la construction du savoir, car ils essaient apparemment de maintenir un ordre impossible à reproduire dans la construction du savoir des élèves. L’étudiant peut se sentir réprimé dans certains domaines, tels que l’histoire, les arts et la littérature, dans certaines situations, être capable d’avoir une vision fermée et rétrograde et de ne pas pouvoir accompagner la société actuelle d’une manière qui inclut pleinement leur contexte », a-t-il évalué.

Selon le gouvernement, les États et les municipalités qui souhaitent adhérer au modèle doivent adresser une demande officielle au gouvernement fédéral jusqu’au 27. Selon le MEC, Les États et les municipalités devront organiser des consultations publiques sur l’adhésion. Malgré cela, le président Bolsonaro a déclaré à plusieurs reprises, lors du lancement du programme que le modèle pourrait être imposé !

Toutefois, le programme rencontre des résistances parmi les parents, les étudiants, les enseignants et les agents des institutions scolaires dans le primaire et le secondaire.