La France veut garantir sa « souveraineté agroalimentaire » et mettre fin à l’importation de soja liée à la déforestation

Les importations de soja brésilien dans le collimateur d’Emmanuel Macron et de Julien Denormandie

Le Brésil est le plus grand producteur mondial de soja, exportant le grain vers 50 pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe. L’année dernière, l’activité a généré plus de 30 milliards de dollars. Cependant, au milieu des critiques de plus en plus nombreuses établissant le lien entre la plantation de soja et la déforestation, le président Emmanuel Macron a été le premier à frapper du poing sur la table : il a promis que la France mettrait fin à la dépendance du soja brésilien.

Le gouvernement et le secteur agricole français se sont engagés à augmenter de 40 % les superficies destinées à la culture de plantes riches en protéines en seulement trois ans. Cela équivaudrait à 400 000 hectares supplémentaires de terres à cultiver d’ici 2023. Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a également affirmé qu’il s’agit d’une étape « intermédiaire » : dans dix ans, le gouvernement promet de doubler la superficie cultivée, atteignant 2 millions d’hectares consacrés à la culture des oléagineux et des légumineuses en 2030. Les producteurs français ont signé une « lettre d’engagement », promettant de respecter l’objectif en échange d’une aide financière, d’un montant de 100 millions d’euros pendant deux ans, pour encourager la culture et la recherche de protéagineux.

Selon J. Denormandie, le but du contrat est de garantir la « souveraineté agroalimentaire » et de mettre fin à l’importation de soja liée à la déforestation. Actuellement, la moitié des protéines végétales pour l’alimentation animale utilisées en France provient des importations et le pays est le plus gros importateur de tourteau de soja brésilien dans l’Union européenne : sur les 2,2 millions de tonnes qui ont traversé ses frontières l’année dernière, plus de 88 % venaient du Brésil.

Au Brésil, la déforestation de l’Amazonie au plus haut depuis 2008.Plus de 11 000 km2 de forêt tropicale ont été rasés en douze mois, soit la superficie de la région Ile-de-France, et Bolsonaro accélère…

En septembre, la France s’est fermement opposée à l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur en raison de la déforestation dans la région amazonienne. De plus, le pays s’est engagé en 2018 à réduire à zéro sa participation à la déforestation liée à l’importation de produits agricoles non durables d’ici 2030.

La déforestation dans la forêt amazonienne du Brésil a connu la plus forte croissance en 12 ans, selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE). La zone touchée a augmenté de 9,5 % d’août 2019 à juillet 2020 par rapport à la période précédente, de 2018 à 2019, selon les données officielles qui viennent d’être rendues publiques. Au total, 11,088 km2 de forêt ont été détruits en douze mois jusqu’en août dernier, selon l’Institut National de Recherches spatiales (INPE) brésilien qui analyse les images satellites. « En raison d’une telle déforestation, le Brésil est probablement le seul émetteur majeur de gaz à effet de serre qui a réussi à augmenter ses émissions pendant une année au cours de laquelle l’économie mondiale était paralysée », a estimé l’Observatoire du climat, un collectif d’ONG au Brésil.