Un chercheur montre que 62 entreprises contrôlent 25 % de l’économie brésilienne

Un exemple de groupe hégémonique au Brésil est le trio LST, actionnaire d’Americanas, d’Eletrobras, d’Ambev et d’autres.

L’émission Nova Economia de jeudi [ICI, en portugais du Brésil] a accueilli Eduardo Magalhães Rodrigues, post-doctorant en économie politique à la PUC/SP, docteur en aménagement du territoire et chercheur au Centre d’études sur la santé collective de la Faculté de médecine ABC.

Rodrigues a créé une méthodologie graphique qui lui permet de croiser les données de toutes les entreprises afin de découvrir l’imbrication des entreprises et de cartographier les grands groupes hégémoniques au Brésil.

Dans une interview lors de l’émission, le chercheur explique que l’enquête a été menée sur deux ans, pendant le confinement imposé par la pandémie de Covid-19.

Analysant la ligne adoptée par les étrangers pour cartographier les groupes dans l’économie mondiale, sur la base des annuaires Valor Econômico, Rodrigues a cartographié l’économie brésilienne et a constaté qu’il existe 200 grands groupes qui contrôlent 63,5 % du produit intérieur brut (PIB) de l’économie nationale, des groupes composés de 6 235 entreprises.

“Les entreprises sont des personnes, et non des entités métaphysiques abstraites. Ce sont des personnes qui ont des volontés, des intérêts et surtout des intérêts économiques. Les intérêts personnels de ces personnes prévalent sur l’économie nationale, ce qui est évidemment dommageable et a un impact sur la politique”, explique-t-il.

Le chercheur a noté que la concentration de la richesse est encore plus importante si l’on tient compte du fait que les 6 235 entreprises des 200 plus grands groupes représentent 0,03 % des quelque 20 millions d’entreprises que compte le Brésil.

Scénario brésilien

Eduardo Rodrigues a été surpris de constater que l’hégémonie des entreprises au Brésil se concentre sur trois grands secteurs : l’électricité, le marché financier et les soins de santé privés. “Ces trois groupes représentent 1 %, qui contrôle l’actionnariat du pays. C’est une concentration de la concentration… de la concentration”.

Le trio LST, composé de Carlos Alberto Sicupira, Jorge Paulo Lemann et Marcel Herrmann Telles, est un exemple du fonctionnement de la concentration sur le marché brésilien. Les trois hommes d’affaires possèdent des actifs d’une valeur totale de 160 milliards de R$ (environ 30 milliards d’euros) et sont actionnaires d’Eletrobras, de BRC Sarl (fonds d’investissements), d’Ambev (bière) et de Lojas Americanas (supermarchés urbains), une société impliquée dans un scandale cette année où une dette de 43 milliards de R$ a été révélée au marché.