Bolsonaro et son gouvernement souhaitent profiter de la pandémie pour augmenter la déforestation de l’Amazonie.

Le ministre de l’environnement lui-même l’a dit lors d’une réunion interministérielle ! « Nous sommes face à un scénario de catastrophe totale pour l’Amazonie », a déploré Mariana Napolitano, directrice scientifique de l’antenne brésilienne du Fonds mondial pour la nature (WWF).

D’après les données recueillies par satellite par l’Institut national de recherches spatiales (INPE), 829 km2 de forêt amazonienne ont été déboisés en mai, 12 % de plus que l’an dernier, la plus grande surface depuis le lancement de cette série statistique, en 2015. Les défenseurs de l’environnement avertissent que l’année 2020 est partie pour être la plus dévastatrice de tous les temps pour la forêt amazonienne, pire que 2019, quand la recrudescence des incendies avait choqué le monde entier.

Bolsonaro pointé du doigt

Depuis le début de l’année, la déforestation a atteint plus de 2000 km2, 34 % de plus que sur la même période de 2019. Ces données sont d’autant plus inquiétantes qu’elles ne prennent pas encore en compte la saison sèche, plus propice aux incendies, qui débute en juin.

Dès son élection, Bolsonaro a montré sa volonté d’exploiter les richesses de la forêt tropicale, suscitant la peur chez les défenseurs de l’environnement et les communautés indigènes. « Nous sommes très inquiets, compte tenu de ce que le nouveau président a déclaré », a indiqué Beto Marubo, un chef autochtone de la réserve indigène de la Vallée du Javari, située à l’extrême ouest du Brésil. « Si ce qu’il a promis est accepté, l’Amazonie sera en proie au chaos et à la révolte ». Malheureusement ces paroles prononcées il y a un an se sont révélées prémonitoires. La victoire de Balsonaro a déjà renforcé un sentiment d’impunité chez les groupes criminels impliqués dans le trafic de bois exotiques et d’autres richesses dérobées sur les terres indigènes. « De nombreux frères nous disent qu’il y a des invasions, des gens qui pénètrent sur les territoires sans aucun égard pour les lois et qui ne craignent pas les autorités », a confié dans un message WhatsApp Beto Manubo à National Geographic.

L’Institut de recherches environnementales de l’Amazonie (Ipam) estime que 9000 km2 de forêt déjà déboisés pourraient partir en fumée d’ici le mois d’août. Les incendies de forêt sont pour la plupart criminels, causés par des agriculteurs pratiquant le brûlis sur les zones déboisées pour pouvoir cultiver ou faire paître le bétail. Les écologistes accusent le gouvernement de favoriser la déforestation en appelant à légaliser l’agriculture ou les activités minières dans des zones protégées. « Le gouvernement a déjà montré son mépris total de l’environnement et de la vie des Brésiliens », a affirmé Cristiane Mazzetti, de Greenpeace, dans un communiqué rapporté notamment par la Tribune de Genève.

La crise fait diversion

Lors d’une réunion ministérielle fin avril, le ministre de l’Environnement Ricardo Salles avait affirmé vouloir profiter du « fait que la presse soit focalisée sur le coronavirus » pour « passer des réformes et assouplir les règles », notamment celles liées à la protection de l’Amazonie. Des propos qui avaient été rendus publics par un juge. En raison de la crise sanitaire, les pouvoirs publics disposent de moins de moyens humains et financiers pour protéger l’environnement à cause de la pandémie, qui a déjà fait plus de 40 000 morts au Brésil.

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