Brésil

Tragédie de Brumadinho, un premier accord financier

 

 Deux ans après la tragédie de Brumadinho, l’opérateur minier Vale, à l’origine de la catastrophe, signe un accord avec la justice et s’engage à verser 37,68 milliards de réaux de dommages et intérêts à l’État brésilien du Minas Gerais (5,8 milliards d’euros). La rupture du barrage minier de Córrego do Feijão avait tué au moins 300 personnes et provoqué une catastrophe environnementale. Ce règlement juridique est le plus important jamais réalisé en Amérique latine. Environ 30 % des fonds doivent être investis dans la commune de Brumadinho.

La signature de l’accord ne préjuge pas des actions individuelles en dommages-intérêts ou criminels, qui sont toujours en cours de traitement devant les tribunaux. « Il ne dégage aucune responsabilité de la société, mais impose de nouvelles obligations, en plus de reconnaître la responsabilité de la société minière », a déclaré le gouvernement du Minas.

L’argent de l’accord Vale sera principalement alloué à des projets définis par les communautés affectées (à Brumadinho et dans le bassin de la rivière Paraopeba) comme de protection de l’environnement de travaux d’assainissement et le renforcement des services publics de l’État, entre autres.

Pour le procureur général Jarbas Soares Júnior, le caractère punitif et réparateur de l’accord judiciaire permettra au Brésil de démontrer au monde « que nous n’acceptons pas l’exploitation de nos ressources sans un engagement minimum de responsabilité sociale et environnementale ». Cet accord représente jusqu’à deux siècles du budget 2018 de la petite commune de Brumadinho.

Vœux pieux s’il en est, et les familles habitant la région impactée n’y croient guère.

 Catastrophe environnementale

La rupture du barrage de Brumadinho est une catastrophe environnementale qui s’est produite le 25 janvier 2019 dans la municipalité brésilienne de Brumadinho, à 65 km de Belo Horizonte, capitale de l’État de Minas Gerais. Au début de l’après-midi du 25 janvier 2019, le barrage de Brumadinho, exploité par l’entreprise Vale SA, a cédé. 

Les rejets de cette rupture ont touché la zone administrative de la compagnie composée de baraquements où se trouvaient des travailleurs ainsi qu’une partie de la communauté de Vila Ferteco. L’événement s’est produit trois ans après la mort de 19 personnes, à la suite de la rupture du barrage minier de Fundão, dans la ville voisine de Mariana.

Quelques mois après la catastrophe, les enquêteurs de la police fédérale et de la police civile locale recommandent l’inculpation d’employés de Vale et de la société d’audit allemande TÜV SÜD, accusés d’avoir falsifié des documents pour attester de la solidité du barrage. En novembre 2019, l’Agence nationale des mines révèle que le groupe minier n’a pas informé les autorités d’anomalies sur le barrage de Brumadinho. D’après l’agence : « Si l’ANM avait été informée correctement, elle aurait pu exiger des mesures d’urgence de la part de l’entreprise, ce qui aurait pu éviter la catastrophe ».

Le chiffre de 300 victimes est sans doute sous-évalué. Il faut rajouter plus de 150 disparus.

Vale (anciennement Companhia Vale do Rio Doce) est une entreprise minière multinationale présente dans de nombreux pays notamment au Canada et en France (Nouvelle-Calédonie), c’est aussi l’un des plus grands opérateurs logistiques du Brésil. Fondé en 1942 à Itabira par des capitaux publics, Vale est devenu leader dans la production et l’exportation du minerai de fer. Il est aussi un producteur d’envergure mondial de nickel, manganèse, alliage de fer, cuivre, bauxite, potasse, kaolin, alumine et aluminium. C’est une entreprise qui a mauvaise réputation, on lui reproche beaucoup de fortement polluer les sites où elle opère, mais aussi des pratiques antisyndicales, des violations du droit du travail, des recours à des milices paramilitaires, la corruption des autorités des pays où elle exploite des mines. L’entreprise est confrontée à des grèves dures, générées par ses pratiques sociales, comme celle qui dura plus de neuf mois en 2009/2010 à la mine de nickel de Grand Sudbury, en Ontario (Canada).

En ce moment, un important conflit se déroule (depuis décembre 2020) avec de violentes échauffourées en Nouvelle-Calédonie suite à la décision de Vale de revendre une importante usine de nickel à un consortium helvético-calédonien.