Les journalistes français ont souvent une étrange vision du Brésil. Je me souviens encore d’Hugo Clément qui reprochait naguère à Brasília des mesures prises par l’État de Rio ! Le Brésil est une fédération. Tout le monde a intégré que, par exemple, aux États-Unis, chaque État a une grande liberté par rapport à Washington. Au Brésil c’est un peu pareil et c’est d’ailleurs ce qui permet aux gouverneurs de limiter les dégâts en n’obéissant pas à Bolsonaro et même en allant contre lui. Par exemple l’État du Piauí n’a prêté aucune attention aux délires bolsonaristes et a massivement acheté des respirateurs à la Corée du Sud dès mai 2020, tout comme celui du Maranhão qui s’est débrouillé pour obtenir des vaccins assez rapidement.

Au Brésil, les gouverneurs ont à peu près la même autonomie que ceux des USA. D’ailleurs la forme longue et complète du Brésil est : República Federativa do Brasil (République fédérative du Brésil).

Quant à l’information brésilienne quotidienne, elle est parfois bizarrement traitée dans les médias parisiens. Surtout en ce qui concerne la vie politique nationale et locale. Par exemple, de Libération au Monde en passant par les chaînes infos, tous ont affirmé que les dernières élections municipales avaient été une claque pour Bolsonaro. C’est faux. Dans les faits, c’est lui qui a gagné, il a même conquis de nouvelles municipalités par un jeu très fin d’alliances et d’octroi de prébendes. Trop souvent, les correspondants de presse ne sortent guère de leurs bureaux climatisés de São Paulo ou Rio de Janeiro. Ils se contentent de traduire les dépêches de la Globo*.

Il y a cependant un très bon correspondant aux Amériques, c’est celui de l’Obs, Philippe Boulet-Gercourt. Il est basé à New York et quand il vient au Brésil, c’est un des rares journalistes à descendre dans les rues et aller dans les lanchonetes* des favelas, parfois dangereuses, pour rencontrer les « vrais gens ».

Cela dit, souvent Les Échos, l’Express et France 24 (ou RFI) peuvent sortir de très bons reportages sur le Brésil et, pour les polyglottes, deux pépites : El País et The Guardian.

* Rede Globo (rede pour réseau). Structuré sur le même modèle que les grandes chaînes de télévision américaines, canadiennes ou australiennes, c’est un réseau de télévision composé de plusieurs stations régionales. Le JN (pour Jornal Nacional) est très suivi le soir. Globo est aussi un des premiers producteurs mondiaux de telenovelas (téléromances) très appréciées dans toute l’Amérique latine.

* Très populaires, les lanchonetes sont des snack-bars.