En 2022, sur 100 familles brésiliennes, 78 étaient endettées

En 2022, le taux d’intérêt moyen pratiqué par les banques sur la carte de crédit renouvelable a atteint 409,3 % par an !!

Avec des taux d’intérêt élevés et le recours des plus pauvres au crédit pour faire face aux dépenses quotidiennes, ce record de 78 % de Brésiliens endettés pourrait encore être battu cette année, prédisent de nombreux économistes. Sur ces 78 % plus de la moitié sont surendettés.

Pour résoudre le problème, le gouvernement fédéral prévoit de lancer le programme Desenrola de renégociation de la dette en février.

Les détails du programme (l’une des promesses de campagne du président Lula) n’ont pas encore été divulgués, mais on s’attend à ce qu’il donne la priorité à environ 40 millions de Brésiliens endettés dont les revenus ne dépassent pas deux salaires minimums mensuels (2 604 R $, environ 466 €). Le gouvernement prévoit également de lancer la nouvelle Bolsa Familia (aide familiale aux plus pauvres, sous conditions).

Entre 2020 et 2022, la proportion de familles endettées est passée de 66,5 % à 78 %.

Au cours de cette période, le taux d’intérêt de base de l’économie brésilienne (Selic) est passé de 2 % à l’actuel 13,75 %. Un niveau beaucoup trop élevé pour le gouvernement et qui fait l’objet de tensions entre Lula et la Banque centrale.

Izis Ferreira, économiste au CNC, indique à BBC-Brasil que trois facteurs ont contribué à cet endettement record en 2022 : l’inflation élevée jusqu’au milieu de l’année, qui a érodé le pouvoir d’achat des familles, l’incitation croissante à utiliser la carte de crédit, à travers l’offre de nouveaux produits et services par les banques et les fintechs ; et, pour les plus riches, la demande endiguée de services, comme les voyages et l’achat de billets d’avion, habituellement payés par carte. Il faut dire qu’au Brésil tout s’achète à crédit, même une paire de chaussures ou une chemisette.

Il n’est pas rare de constater que des ménages ont huit ou dix cartes de crédits. « Le revers de cette hausse de l’endettement, ce sont les défauts de paiement, qui ont également atteint des proportions record », note l’analyste. En 2022, la proportion de familles brésiliennes ayant des factures impayées a atteint 28,9 %. « “Le défi pour le consommateur aujourd’hui est de rembourser tout cela dans un contexte de taux d’intérêt élevés, car les taux d’intérêt élevés augmentent la valeur de la dette. Ils rendent difficile la renégociation et le remboursement des dettes en souffrance ». Dans ce contexte de taux d’intérêt élevés, en 2023, il y aura davantage de familles qui auront du mal à payer leurs dettes et celles qui sont déjà en retard de paiement auront de grandes difficultés à renégocier.

Qui sont les endettés ?

L’endettement a un visage au Brésil : celui des femmes, âgées de moins de 35 ans, n’ayant pas terminé leurs études secondaires et vivant dans les régions du Sud ou du Sud-Est. Paradoxalement, la région la plus riche du Brésil dont le niveau de vie est proche de celui de l’Europe occidentale.

« Les femmes travaillent davantage de manière informelle et à temps partiel, et nombre d’entre elles sont chefs de famille, de sorte qu’elles sont plus vulnérables que les hommes sur le marché du travail », observe Izis Ferreira.

En 2022, le taux d’intérêt moyen pratiqué par les banques sur la carte de crédit renouvelable a atteint 409,3 % par an !!

Le pays comptait 69,4 millions de mauvais payeurs en décembre 2022 et la valeur moyenne des dettes par personne était de 4 500 R $, soit un total de 312 milliards de R $ de dettes en souffrance.

En 2022, un autre facteur a contribué à l’augmentation de l’endettement des plus pauvres au Brésil : la création, à la veille de l’élection, du prêt consigné Auxílio Brasil. Le prêt a été débloqué le 10 octobre, entre le premier et le second tour de l’élection présidentielle à laquelle le président de l’époque, Jair Bolsonaro, cherchait à se faire réélire. Plus de 5 milliards de R $ (1 milliard de $) ont été débloqués et ne sont que très peu remboursés.

 

Sources : Serasa, IBGE (statistiques fédérales), BBC Brasil, CNC.