Des scientifiques démontrent la grande efficacité d’une plante de la région semi-aride du Brésil pour éliminer les marées noires
Les marées noires au Brésil sont un type d’accident environnemental qui a presque toujours des conséquences désastreuses, à la fois immédiates et à long terme. Il est donc nécessaire de prendre en permanence des mesures pour prévenir les marées noires et, surtout, pour en atténuer les effets.
Techniques de dépollution des marées noires
Ces derniers temps, de nombreux chercheurs se sont lancés dans une course incessante pour mettre au point de nouvelles techniques permettant de séparer les hydrocarbures de l’eau.
Les quatre principales technologies utilisées pour éliminer les hydrocarbures de l’eau sont :
- Diffusion physique : l’huile est répandue sur l’eau pour faciliter sa collecte
- Brûlage in situ : le pétrole est brûlé sur le site de la fuite
- Bioremédiation : des micro-organismes sont utilisés pour décomposer le pétrole
- Récupération mécanique : l’huile est recueillie à l’aide d’absorbants ou d’autres dispositifs.
La récupération mécanique est sans aucun doute la technologie la plus courante pour éliminer le pétrole des fuites. Cette technique est simple à mettre en œuvre, efficace et ne provoque pas de pollution secondaire.
Les techniques de récupération mécanique comprennent l’utilisation de matériaux absorbants, qui attirent les hydrocarbures et peuvent être appliqués directement sur la nappe d’hydrocarbures, ou utilisés sous forme de barrières de confinement. Les matériaux absorbants absorbent les hydrocarbures, qui peuvent ensuite être enlevés pour être éliminés ou même recyclés.
Les avantages de l’abondance végétale au Brésil
Ces dernières années, les matériaux absorbants à base de fibres végétales et de déchets agricoles, tels que la paille de maïs, les balles de riz, la sciure de bois, les fibres de coton et les fibres de kapok, ont fait l’objet d’une attention croissante. Ils présentent l’avantage d’être peu coûteux, facilement disponibles, biodégradables, d’avoir une bonne efficacité d’absorption et d’être sélectifs, ce qui en fait une très bonne alternative.
Dans ce contexte, la plante brésilienne Calotropis procera s’est distinguée. En France, on l’appelle plus communément le Pommier de Sodome. Il s’agit d’une fibre naturelle aux propriétés hydrophobes (aversion pour l’eau) et oléophiles (affinité pour les huiles), biodégradable, légère et dotée d’une structure physique creuse. Toutes ces caractéristiques, combinées au faible coût de production et de stockage, font de la plante une excellente alternative en tant que matériau de nettoyage de l’eau.
Calotropis procera est une plante communément appelée fleur de cire, rose de cire ou arbre à caoutchouc. Il s’agit d’un arbuste originaire d’Afrique et d’Asie, qui a été introduit au Brésil au XIXe siècle. Il est considéré comme une mauvaise herbe envahissante, car il se propage rapidement et peut causer des dommages à l’environnement.
Cette plante produit des fruits contenant un grand nombre de graines, qui germent rapidement. Cela signifie que la plante peut être cultivée rapidement et efficacement. On la trouve actuellement dans diverses régions du Brésil, mais c’est dans le nord-est que les grandes populations de cette espèce sont établies.
Potentiel commercial
Dans une étude récente de l’université fédérale du Rio Grande do Norte, la chercheuse Larissa Sobral Hilário a analysé, dans sa thèse de doctorat intitulée Evaluation of modified Calotropis procera fibre for removing oil from the surface of water, les caractéristiques de la plante pour l’élimination du pétrole brut dans un scénario de déversement. Les résultats de l’étude ont montré qu’un gramme de fibre est capable d’éliminer environ 76 grammes de pétrole. La fibre modifiée élimine plus de 180 grammes de pétrole, surpassant ainsi les absorbants synthétiques commerciaux tels que les mousses de polyuréthane et de polypropylène, dont les coûts de production restent limités et qui ne sont pas biodégradables.
Le groupe de recherche du Centre de traitement primaire et de réutilisation des eaux et des déchets de l’UFRN — coordonné par le professeur Djalma Ribeiro da Silva en septembre 2021 — a également obtenu d’excellents résultats en combinant la fibre avec d’autres produits. En décembre de la même année, une demande de brevet a été déposée auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour le nouveau matériau absorbant mis au point par ce groupe de recherche. Le Calotropis procera ne demande pas beaucoup d’attention lors de sa manipulation, il pourrait donc être à l’origine d’un grand développement et d’un rayonnement social dans le Nordeste, puisqu’on le trouve en abondance dans cette région, souligne le chercheur Raoni Batista dos Anjos, titulaire d’un doctorat en sciences et ingénierie pétrolières, Université fédérale de Rio Grande do Norte (UFRN).
La thèse de Larissa Sobral Hilário, en portugais du Brésil
L’article du Dr Raoni Batista dos Anjos (également en portugais du Brésil)