Bolsonaro menace de fermer les écoles MST. Elles accueillent 200 000 étudiants & écoliers

 Le fascisme en marche !

 Il y a 35 ans, jour pour jour, le Mouvement des travailleurs ruraux sans terres (MST) était officiellement fondé lors d’une première réunion nationale. C’était le 21 janvier 1984.

Aujourd’hui, le mouvement se consacre essentiellement sur la promotion de l’agroécologie, sur la gestion durable des terres et sur une alimentation responsable et consciente dans le cadre d’une sécurité alimentaire renforcée. Cela comprend l’installation de 96 industries agroalimentaires, de 1 900 associations de travailleurs ruraux et de plus de 350 000 familles sédentarisées, produisant des tonnes de nourriture à partir de sites où il n’y avait auparavant que des terres improductives. Cette nourriture est presque entièrement biologique (on dit organique au Brésil). Pesticides et engrais chimiques sont proscrits.

 « La vie dans les colonies agraires garantit aux familles des droits sociaux qui ne sont pas garantis pour l’ensemble du peuple brésilien, tels que le logement, l’école et la nourriture », indique le mouvement.

La nécessité de faire en sorte que les enfants de ces cultivateurs pauvres, mais de plus en plus qualifiés aient accès à une éducation de qualité a conduit à la création d’environ 1 500 écoles pour les jeunes de 7 à 14 ans, dont 1 100 déjà reconnues par les ministères chargés de l’éducation et de la culture.

Ils hébergent environ 200 000 étudiants et 4 000 enseignants, en plus des 250 éducateurs. Le MST propose également 320 cours répartis dans 40 établissements d’enseignement fondamental, moyen, technique, supérieur, et d’éducation des jeunes et des adultes (EJA).

 « L’ensemble des efforts du MST visant à apporter une éducation de qualité aux campés et installés a porté ses fruits au fil des ans », affirme l’organisation dans un communiqué. Selon l’Indice de développement de l’éducation de base (IDEB), deux écoles MST de Piauí avaient les taux les plus élevés d’éducation de base en 2018 ». Une vraie réussite alors que le système éducatif classique est particulièrement déficient dans le reste du pays et particulièrement dans le Norte et le Nordeste.

Pour Andressa Pellanda, coordinatrice des politiques éducatives de la Campagne nationale pour le droit à l’éducation, les écoles MST sont importantes, car elles éduquent et instruisent un grand nombre d’élèves et elles touchent également une population vulnérable d’enfants, d’adolescents, de jeunes adultes et d’adultes, que souvent les pouvoirs publics n’atteignent pas et même délaissent complètement. « En outre, le travail pédagogique développé dans les écoles MST est un travail d’une qualité inégalée : il y a un vrai souci d’inclusion, de diversité et de pédagogie de qualité ».

 Le gouvernement attaque et menace

 Malgré leurs qualités reconnues, même à l’internationale, les écoles MST sont en danger. Luiz Antônio Nabhan Garcia, secrétaire spécial aux affaires foncières du gouvernement de Jair Bolsonaro, a déclaré qu’il travaillerait à la fermeture des écoles qu’il qualifie de « fabriques de dictateurs ». En fait, Bolsonaro et les siens qui sont à la solde des grands propriétaires et surtout des entreprises agroalimentaires multinationales ne veulent pas de petits paysans instruits et éduqués ! alors quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage. Ici, c’est le marxisme, le communisme, etc. : « Il n’est pas possible pour le Brésil d’admettre, au 21e siècle, des usines dictatoriales. Vous ne pouvez pas admettre les écoles de marxistes, de léninistes et de bolivariens qui enseignent aux enfants à envahir et à commettre des crimes. Fermons les écoles et punissons les responsables de l’endoctrinement. Incidemment, cela doit être qualifié de crime. Crime contre la sécurité intérieure ! » a déclaré Nabhan, président en exercice de l’Union démocratique rurale (UDR), représentant des propriétaires terriens brésiliens.

Élection de Bolsonaro : Le retour à l’espoir des frustrés

 La sociologue Rosana Pinheiro-Machado résume de la manière suivante l’élection de Bolsonaro et l’ascension de la nouvelle droite au Congrès : ces deux événements représentent au moins trois phénomènes : « la faillite des partis traditionnels brésiliens, un populisme odieux qui mélange ce qui semble contradictoire : le ressentiment et l’espérance populaire et, finalement, l’attaque à la démocratie telle qu’elle a fonctionné au Brésil jusqu’à maintenant ». Elle a fait des recherches sur les électeurs de Bolsonaro : « J’ai vu beaucoup d’espoir populaire chez les électeurs de Bolsonaro, lors de la phase finale des élections. On dit beaucoup que ce fut l’élection marquée par le ressentiment, l’amertume et la frustration. Je pense plutôt que cela fut le retour à l’espoir des frustrés. Un espoir sincère de changement », dit-elle.

 Rosana Oinheiro-Machado a accordé un entretien à ihu.unisinos.br

Il est traduit en français sur le site Autres Brésil