Amazonie : Un peuple autochtone récemment contacté touché par le plus haut taux d’infection par la Covid-19
Les Arara du territoire de Cachoeira Seca (cascade sèche) sont le groupe autochtone dont le taux connu d’infection par la Covid-19 en Amazonie brésilienne est le plus élevé. Selon les statistiques officielles, 46 % des 121 Arara vivant dans la réserve sont infectés par le virus, mais les experts estiment qu’il est très probable que tous les Arara du territoire soient désormais infectés, rapporte Leila Burger de l’ONG Survival International.
C’est un peuple récemment contacté puisqu’il n’a été découvert qu’à la fin des années 1980. Pour les experts, ce territoire autochtone est l’un des plus envahis de toute l’Amazonie, avec des centaines de bûcherons, d’accapareurs de terres, d’éleveurs et de colons opérant illégalement à l’intérieur de ses frontières. C’est une véritable catastrophe. La réserve d’Arara se trouve dans le bassin du Xingu, où la Covid-19 se propage actuellement dans des dizaines de communautés autochtones. Le territoire de la réserve s’étend sur 65 000 hectares et est situé à 120 km à l’ouest de la ville d’Altamira, dans l’État du Pará.
Certaines des réserves de la région sont connues pour être habitées par des peuples non contactés, « les peuples les plus vulnérables de la planète ».
« Des forestiers illégaux sont rentrés ici il y a deux ou trois jours à peine. Ils ont fait ça la nuit, comme d’habitude. Généralement, ils viennent en groupe, une douzaine d’hommes lourdement armés. Ils arrivent par la route puis s’enfoncent dans la forêt en ouvrant une traverse avec un puissant bulldozer », a expliqué le cacique (chef) Tulu Arara à des journalistes. « Ils ont coupé les essences les plus nobles et, pour pouvoir les extraire de la forêt, ils n’ont pas hésité à abattre les arbres autour. Puis ils ont tracté les grumes jusqu’à la route où les attendaient des camions pour les charger. Depuis que Bolsonaro a été élu, les invasions de ce type ont doublé ». Le cacique Motibi Arara est venu s’installer un campement précaire près de la route Transamazonienne pour tenter d’éviter les invasions illégales. Mais la volonté de résister a tourné court : « Comment peut-on lutter avec nos arcs et nos flèches face à des hommes lourdement armés ? ».
« L’État ne fait rien pour que les droits des peuples indigènes soient respectés »
Lui aussi considère que les choses ont empiré depuis l’arrivée du nouveau gouvernement. « Bolsonaro lui-même l’a dit : « l’indien doit être riche » ! Mais riche de quoi ? Ils disent : « Plantez du soja », « Créez des fermes ». Mais nous ne voulons pas laisser détruire la forêt. Nous ne voulons pas ça. On a besoin de la forêt ». Le Père Patricio Brenan, membre du CIMI alerte : « L’État ne fait rien pour que les droits des peuples indigènes soient respectés. La situation, qui a pourtant toujours été difficile pour les peuples indigènes de la région, a commencé à nettement se dégrader quelques mois avant l’élection de Jair Bolsonaro. Il a soufflé alors comme un vent d’impunité totale dans la région. Au point que les invasions illégales ont explosé avant même le second tour du scrutin ».
Chaque année, le Cimi prépare un Rapport annuel sur les violences contre les peuples indigènes. S’appuyant sur des statistiques de 2018, le document révèle que les peuples indigènes font face à une augmentation substantielle d’occupations illégales de terres, de vol de bois, d’extraction illégale d’or, et même de développement de colonies au cœur même de leurs territoires traditionnels.
Le CIMI organisme mandaté par l’Église catholique brésilienne et soutenu par le CCFD-Terre Solidaire