Amazonie

Au total, sur l’année 2020, il y a eu 222 798 incendies au Brésil !

 

Les incendies de forêt sont au plus haut en dix ans au Brésil, dont près de la moitié en Amazonie, soit une augmentation annuelle record de 12,7%, selon les statistiques publiées ce dimanche par l’Institut national de recherches spatiales (INPE). Il y a eu 103.000 incendies en Amazonie brésilienne, soit une augmentation annuelle de près de 17% sur un total de 222.798 sur l’ensemble du territoire brésilien dans l’année écoulée, souligne le rapport de l’INPE qui a recours à l’imagerie satellite.

Augmentation de 120% des incendies au Pantanal

Ce chiffre comprend aussi plus de 22 000 incendies au Pantanal, situé au sud de l’Amazonie, sanctuaire de biodiversité et plus grande zone humide de la planète, dévasté sur près d’un quart de la surface avec une augmentation de 120% des incendies en 2020.

L’Amazonie, considérée vitale pour combattre le réchauffement climatique et dont 62% de la surface se trouve au Brésil, et le Pantanal sont les deux ecosystèmes les plus précieux au monde.

La situation n’a fait qu’empirer depuis l’élection en 2019 du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, favorable à l’ouverture de zones protégées et de territoires indigènes à l’exploitation minière et agricole.

Les incendies en Amazonie affectent la santé de milliers de personnes

Le gouvernement de Bolsonaro attise le phénomène de déforestation et se fiche des engagements climatiques

Les incendies résultant d’une déforestation incontrôlée empoisonnent l’air que des millions de personnes respirent, affectant la santé dans toute l’Amazonie brésilienne, ont déclaré conjointement l’Institut amazonien pour la recherche environnementale (IPAM), l’Institut d’études pour les politiques de santé (IEPS) et Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Les incendies et la déforestation en Amazonie ont considérablement augmenté en 2019, première année de mandat du président Jair Bolsonaro, et 2020 s’avère déjà pire, ont constaté les trois organisations. 

Le rapport de 50 pages, intitulé « The Air is Unbearable: Health Impacts of Deforestation-Related Fires in the Brazilian Amazon » (« L’air est insupportable : Impacts  sanitaires des incendies liés à la déforestation en Amazonie brésilienne »), utilise des données officielles sur la santé et l’environnement pour estimer que 2 195 hospitalisations pour maladie respiratoire sont attribuables aux incendies de 2019. Près de 500 concernaient des nourrissons de moins d’un an, et plus de 1 000 impliquaient des personnes âgées de plus 60 ans. Ces hospitalisations ne représentent qu’une fraction de l’impact total des incendies sur la santé, des millions de personnes ayant été exposées en 2019 à des niveaux nocifs de pollution atmosphérique résultant des incendies de l’Amazonie liés à la déforestation.

« Jusqu’à ce que le Brésil freine efficacement la déforestation, on peut s’attendre à ce que les incendies se poursuivent chaque année, favorisant la destruction de l’Amazonie et empoisonnant l’air que respirent des millions de Brésiliens », a déclaré Maria Laura Canineu, directrice pour le Brésil à Human Rights Watch. « L’incapacité persistante de l’administration Bolsonaro à lutter contre cette crise environnementale a des conséquences immédiates sur la santé des habitants de l’Amazonie, et des conséquences à long terme sur le changement climatique mondial. »

Les incendies ne se produisent pas naturellement dans la forêt amazonienne. Les gens mettent délibérément le feu après avoir abattu des arbres, souvent illégalement, afin de défricher des terres pour l’agriculture, le pâturage du bétail ou la spéculation foncière. L’activité des incendies culmine souvent en août ou en septembre. 

La fumée est riche en particules fines, un polluant lié aux maladies respiratoires et cardiovasculaires, ainsi qu’à la mort prématurée. Les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies pulmonaires ou cardiaques préexistantes sont particulièrement vulnérables. 

L’évaluation des impacts sur la santé réalisée par les trois organisations comprend une analyse statistique des données gouvernementales sur les hospitalisations, la déforestation, les incendies et la qualité de l’air, en particulier la présence de polluants fortement associés aux incendies en Amazonie. Les hospitalisations attribuables aux incendies ont duré en moyenne trois jours et totalisent près de 7 000 journées dans les hôpitaux.

Ce rapport, réalisé en partenariat entre l’Institute for Health Policy Studies (IEPS), l’Institute for Environmental Research in the Amazon (IPAM) et Human Rights Watch, évalue l’impact des incendies liés à la déforestation en Amazonie brésilienne sur la santé en 2019. L’IPAM a mené une analyse des tendances de la déforestation et des incendies au cours de l’année sur la base de données officielles. L’IEPS a réalisé une analyse statistique des impacts sanitaires de ces incendies sur la base des données officielles sur la pollution de l’air et les hospitalisations pour maladies respiratoires (l’étude statistique est disponible iciHuman Rights Watch a mené des entretiens avec des autorités et des professionnels de la santé et d’autres acteurs concernés dans cinq États de l’Amazonie brésilienne, et a également examiné des documents et des politiques publiques.

Les résultats de ce rapport indiquent que les incendies liés à la déforestation en Amazonie ont eu un impact négatif significatif sur la santé publique dans la région en 2019, dont 2195 admissions dues à des maladies respiratoires imputables aux incendies, selon l’analyse statistique réalisée par IEPS en partenariat avec IPAM et Human Rights Watch. Parmi ces admissions, 467 (21%) étaient des bébés de 0 à 12 mois et 1 080 (49%) étaient des personnes âgées de 60 ans ou plus. L’étude a révélé que les patients ont passé un total de 6698 jours à l’hôpital en 2019 en raison d’une exposition à la pollution de l’air due aux incendies.

L’impact total des incendies sur la santé va bien au-delà de ces cas. De nombreuses personnes en Amazonie ont un accès limité aux services de santé, de sorte que l’impact peut ne pas être représenté par les données d’hospitalisation. Les données disponibles excluent également les services de santé privés, bien qu’un quart des Brésiliens aient des plans de santé privés et aient tendance à se faire soigner dans ces établissements. Ils n’incluent pas non plus le nombre beaucoup plus élevé de personnes dont les problèmes respiratoires, bien que graves, n’ont pas nécessité d’hospitalisations.

L’Amazonie s’étend sur neuf pays (Brésil, Colombie, Pérou, Bolivie, Equateur, Venezuela, Surinam, Guyana et Guyane française), avec environ 47 millions habitants, dont de nombreuses communautés indigènes.