Le Venezuela est toujours sur la touche, même si la pénurie de pétrole due à la guerre en Europe semble rabattre certaines cartes. Migrations, insécurité alimentaire et répression sont toujours à l’ordre du jour !

Étonnant que le Venezuela s’abstienne à l’ONU à propos de la guerre en Europe. Car, en toute logique, les émissaires de Maduro, soutenu par Poutine, devraient voter plutôt deux fois qu’une contre les sanctions envers Moscou. Mais, le Venezuela ne s’abstient pas. Il ne vote pas. Parce qu’il ne peut pas aller voter. La plupart des dirigeants du pays sont sous le coup de mandats d’arrêt pour trafic de drogue. À commencer par Nicolás Maduro lui-même qui est sous le coup d’une double inculpation de la part de procureurs de New York et de Miami pour trafic de drogue en direction des USA et d’armes vers la Colombie. La DEA américaine considère par ailleurs le Venezuela comme un narco-État comme le fut naguère le Suriname.

Maduro ne peut quasiment plus sortir de son pays. Il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international comme la plupart de ses ministres et certains diplomates. 

Ils mettent un pied dehors, le nez en Europe ou aux États-Unis et ils risquent de se faire arrêter…

Maduro aurait dirigé une organisation criminelle appelée Cartel de Los Sols lorsqu’il a pris le pouvoir au Venezuela, selon l’acte d’accusation consulté par le New York Times.

Sous sa direction et celle d’autres personnes, le cartel a notamment cherché à « enrichir ses membres » et à « inonder les États-Unis de cocaïne ». Maduro se faisait livrer de la cocaïne produite par les FARC en échange d’armes fournies par son cartel. Le dirigeant vénézuélien aurait ensuite organisé un « trafic de drogue à grande échelle » avec l’aide « du Honduras et d’autres pays ».

En ce qui concerne la vie diplomatique de la République bolivarienne, le ministre des Affaires étrangères n’est autre que le mari d’une des filles de Hugo Chávez, Rosa Virginia (qui se revendique poétesse !). Alors vous pensez bien que pour lui aussi les tournées internationales se réduisent à Cuba et à la rigueur à la Russie et à l’Iran à condition que son avion ne soit pas obligé de faire une escale en Europe par exemple. En parlant des filles de Chávez, Maria Gabriela Chavez, 40 ans, est la personne la plus riche du Venezuela. Sa fortune n’est pas évaluée avec précision, mais selon les sources elle s’établit autour de 6 à 7 milliards de dollars. Les avoirs financiers de Maria Gabriela ne sont pas à Caracas, où, finalement, ils pourraient aider l’économie du Venezuela par des investissements. Non, pas folle la guêpe. Tout son pognon est planqué dans des paradis fiscaux et chez l’ennemi honni : les États-Unis.

Plusieurs hauts-fonctionnaires et politiciens vénézuéliens ont déjà été arrêtés, dont un neveu de Nicolás Maduro.

Et pour revenir à notre propos, je vous le donne en mille : a été nommée en 2015 représentante permanente du Venezuela aux Nations Unies !

 Maduro, voleur parano

 Il y a trois ans déjà, un général dissident (Clíver Alcalá, compagnon de Chávez) donnait une interview explosive au journal colombien El Tiempo. « Maduro est tellement irresponsable qu’il ne s’intéresse absolument pas au pays ou à sa souveraineté. Il ne s’intéresse qu’aux richesses qu’il peut piller ». Il ajoutait : « Maduro vit dans une méfiance totale. On sait que même le procureur qui a remplacé Luisa Ortega, Tarek William Saab, actuel Procureur général de la République, aspire à un poste d’ambassadeur, parce que plus personne ne veut apparaître à la tribune aux côtés de Maduro. Plus personne ne le respecte, lui et ses proches ».

Le président vénézuélien a tellement peur de se faire assassiner que les troupes et les officiers qui participent aux cérémonies auxquelles Maduro assiste portent des armes dépourvues de munitions. Même les généraux et les amiraux qui se réunissent avec le Président sont soumis à des contrôles humiliants. En fait, il semblerait qu’il n’ait confiance qu’en une milice personnelle et les hommes de Wagner envoyés par Poutine. 400 en 2019, peut-être un millier en 2022.

SEBIN, Hélicoïde, répression

SEBIN, cinq lettres qui effrayent les Vénézuéliens. Elles signifient : Service de renseignement national bolivarien. Tout un programme. Mais un programme dramatique. Le SEBIN est la principale agence de renseignement du Venezuela, mais très vite cette structure placée sous l’autorité directe de l’exécutif est devenue une police politique. Si le service dispose toujours de bureaux et de lieux de tortures et de détention à El Hélicoïde, son siège a été transféré par Maduro dans un bâtiment qui avait été créé à l’origine pour être une station de métro et des bureaux sur la Plaza Venezuela. Cet immeuble moderne est appelé… La Tombe !

Le Service Bolivarien de renseignement national du Venezuela (ou SEBIN), qui dépendait du ministère de l’Intérieur, a été rattaché en 2013 à la Vice-présidence de la République. Il supervise donc deux centres de détention à Caracas. Depuis les grandes manifestations de 2014, puis de 2017, le SEBIN a été l’un des instruments d’une répression d’ampleur qui a ciblé la dissidence politique constituée d’activistes à tous les niveaux : étudiants, militants de base et responsables de partis politiques, parlementaires, élus locaux, avocats, défenseurs des droits de l’Homme.   Des enquêtes menées par des ONG ainsi que celle effectuée récemment par une Mission indépendante de l’ONU ont conclu à la responsabilité du SEBIN dans plusieurs violations des droits humains. Parmi elles, figurent notamment des mauvais traitements et des tortures ; des détentions arbitraires et prolongées dans des lieux tenus secrets ; des conduites de harcèlement et de menaces à l’encontre de l’entourage des individus ciblés. Plusieurs Officiers du SEBIN sont soupçonnés de crimes susceptibles d’être qualifiés de crimes contre l’humanité. Depuis au moins 2019, le SEBIN a été renforcé par les hommes de la milice fasciste Wagner de Poutine, plus ou moins soutenue en France par Mme Manon Aubry et par M. Mélenchon.

Venezuela : des experts de l’ONU dénoncent des crimes contre l’humanité dans la répression de l’opposition

Les conclusions présentées donnent des détails sur la chaîne de commandement et le rôle de plusieurs personnes haut placées dans « l’exécution d’un plan orchestré par le président Nicolás Maduro et d’autres hauts responsables pour supprimer l’opposition au gouvernement ». Tout ceci dans un climat d’impunité totale.

(20 septembre 2022)

En septembre 2019, 14Lawyers, une ONG indépendante d’avocats basée en Espagne, a publié une enquête sur les exactions commises par le SEBIN et la Direction générale du contre-espionnage militaire (Dirección General de Contrainteligencia Militar, DGCIM) contre des Vénézuéliens qui ont manifesté leur opposition au régime de Nicolás Maduro.

Le général Miguel Rodríguez Torres a dirigé le SEBIN de 2002 à 2013. Ce militaire de carrière, très proche du président Hugo Chávez, lui rendait compte directement, sans passer par le ministère de l’Intérieur auquel était pourtant rattachée son institution. Encore une preuve que le dirigeant (auteur d’un coup d’État), n’a jamais été un démocrate respectueux des droits humains comme une certaine gauche européenne a bien voulu le faire accroître.

Le général Manuel Cristopher Figuera a dirigé le SEBIN durant quelques mois, d’octobre 2018 au 30 avril 2019, date à laquelle il a été démis de ses fonctions pour avoir participé aux côtés du leader de l’opposition Juan Guaido à une tentative de renversement du président Maduro qui a conduit à la libération de l’opposant Leopoldo López.

Pour en revenir aux deux principaux lieux de détention, les témoins ou les anciens prisonniers font état de : « Tortures physiques par électrocution, mais aussi de tortures psychologiques, où les victimes sont soumises pendant des mois à des situations d’isolement dans de petites cellules sans lumière ni ventilation naturelle, avec des températures très basses et une lumière blanche 24 heures sur 24, ce qui fait perdre la notion du temps ».

L’Hélicoïde, ou plutôt El Helicoide, est un drôle de bâtiment, au centre de la capitale vénézuélienne, Caracas, au pied d’une colline.   

Symbole de la puissance de l’État, il devait être le plus grand centre commercial d’Amérique latine avec plus de 300 boutiques, des escalators et des ascenseurs ultras modernes fabriqués en Autriche ; un endroit visible de n’importe quel lieu de la capitale. On avait prévu un héliport, un hôtel de luxe le tout surmonté d’un dôme unique, spécialement conçu pour le sommet du bâtiment.

Le boom économique de l’après-guerre permettait toutes les folies et tous les projets plus grandioses les uns que les autres, et le dictateur Marcos Pérez Jiménez voulait projeter l’image d’une nation tournée vers l’avenir croulant (déjà) sous la manne pétrolière. Mais l’édification de l’immeuble a été ralentie faute d’argent, mais aussi à cause de la corruption, puis le coup d’État de 1958 tua le chantier. Mais pas définitivement.

La construction reprit en 1998 après avoir été laissée à l’abandon et à la discrétion des squatteurs et des trafiquants de drogue pendant quarante ans, malgré quelques tentatives de le réaménager en centre culturel ou de loisirs. Le bâtiment abrite désormais une partie des redoutés services de renseignement du gouvernement. C’est une prison et un lieu de torture. L’Hélicoïde est devenu le symbole de la peur. Surtout depuis Maduro.

La BBC s’est entretenue avec d’anciens prisonniers, leur famille, des officiels vénézuéliens, des responsables d’ONG, ainsi qu’avec deux anciens gardiens de prison, pour décrire l’ambiance qui règne à El Helicoide. « Ils nous ont demandé de protéger leur identité parce qu’ils craignent des représailles du gouvernement contre leur famille », racontent les reporters.

Quand la situation économique s’est fortement dégradée au Venezuela, A El Helicoide, le chaos s’est imposé. Des autobus remplis de prisonniers arrivaient à la prison tous les jours. Des étudiants, des militants politiques, et parfois des enfants, étaient du lot parce qu’ils avaient été au mauvais endroit au mauvais moment, et ce, dès l’arrivée au pouvoir de Chavez.

« En arrêtant beaucoup de gens, le but était de faire peur », a dit un ancien gardien de prison à la BBC. « Et je pense qu’on y est arrivé d’une certaine façon. Parce que de nos jours, quand il y a une manifestation ou une marche, beaucoup de Vénézuéliens ont peur d’y prendre part parce qu’ils ne veulent pas être arrêtés », ajoute-t-il. Les détenus d’El Helicoide attendent des jours, des semaines, voire des mois pour comparaître devant un tribunal. Quand ils comparaissent… « C’était l’enfer », résume Villca Fernandez, un opposant vénézuélien, aujourd’hui en exil, qui a passé dix ans et demi à l’Helicoïde. Dix ans entre 2010 et 2020, durant la période où, en France M. Mélenchon soutenait le régime parlant d’espoir et d’inspiration. Pouvait-il ignorer cette cruelle répression ? Non !

Les sous-sols de La Tombe (la Tumba) sont aussi des lieux de torture et de détention. Il y a, jusqu’à cinq étages sous terre, des dizaines de cellules de 4 ou 5 m², non ventilées. Chaque cellule est alignée côte à côte de manière à éviter toute interaction entre les prisonniers. Les prisonniers ne reçoivent aucun soin médical, quel que soit leur état de santé. Selon l’ONG Justice et procédure, ces conditions pénitentiaires très dures ont d’abord pour vocation à encourager les prisonniers à plaider coupable lors de procès arrangés. On n’est pas loin des méthodes soviétiques des années 30. De toute façon, beaucoup ne voient même pas ces procès, car le taux de suicide est particulièrement élevé dans La Tombe.

Pétrole et guerre en Ukraine

Depuis le début de la guerre en Ukraine, il semblerait que le Venezuela retrouve une certaine importance grâce à son pétrole. Les États-Unis cherchent des solutions notamment avec la Colombie pour tenter un allégement des sanctions en échange du pétrole vénézuélien. Plusieurs observateurs imaginent que Maduro pourrait être invité à quitter pacifiquement le pouvoir en échange d’une amnistie concernant ses inculpations pour trafics de drogue et d’armes. Si mardi dernier (11 octobre 2022), le Venezuela a été éjecté du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et si une mission de l’ONU a accusé les services secrets du pays de commettre des « crimes graves et des violations des droits humains » contre la dissidence, il n’empêche qu’il semble difficile pour les pays de la région, notamment les États-Unis, de se priver du pétrole vénézuélien. Toutefois, les outils de productions, les raffineries sont dans un tel état de délabrement qu’il faudra d’une manière ou d’une autre investir des sommes colossales pour tout remettre en état, sans parler des ingénieurs qui ont fui, en masse, le pays ces cinq dernières années.

 

Le rapport du Conseil des droits de l’homme des Nations unies a révélé le 25 septembre 2022 les violations des droits de l’homme en cours dans l’Arc minier, situé dans le sud du Venezuela. L’ONG FundaRedes a condamné la destruction d’au moins 1 200 hectares de forêt vierge dans l’État de Bolivar à la suite d’une activité minière illégale dans la région, qu’elle attribue à Maduro

Sources : 14Lawyers, ONU, El Pitazo, El País, OFPRA, Atalayar, La Huella, RFI, El Comercio, Efecto Cocuyo.

Et témoignages personnels.

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