Juanita Castro, l’une des plus jeunes sœurs des dirigeants révolutionnaires cubains Fidel et Raúl Castro, a d’abord participé activement à la lutte de ses frères contre le régime de Batista, soutenu par les États-Unis. Cependant, elle s’est retournée contre eux peu après leur arrivée au pouvoir en 1959.
Épousant la cause de la révolution cubaine, elle est une guérillera et soutient activement ses frères. Puis en désaccord avec l’orientation communiste du régime, elle s’oppose aux exécutions sommaires des opposants et aux expropriations ordonnées par Fidel et Raúl Castro. Elle travaille alors avec la CIA comme agent de renseignement et doit s’exiler en 1964.
Juanita et Fidel Castro. Elle était la cinquième des sept enfants d’Angel Castro, un immigrant prospère originaire de Galice, dans le nord de l’Espagne, et de Lina Ruz
En 2009, elle publie ses mémoires sous le titre Fidel y Raúl, mis hermanos.
Selon celles-ci, Juanita a commencé à collaborer avec la CIA à partir de 1961, alors que celle-ci tentait de renverser le régime Castro.
Issue d’un milieu catholique traditionnel, sans les possibilités d’éducation de ses frères, Juanita était devenue ouvertement hostile à la révolution. Avant l’intervention de la CIA, elle avait ouvert une pension de famille dans la riche banlieue de Miramar, à La Havane, afin de protéger les personnes qui s’étaient mises à dos le régime et de les préparer à la fuite en exil. Tout le monde connaissait ses activités contre-révolutionnaires, mais elle était protégée par la présence dans la maison de sa mère, Lina, et de celle de ses frères.
Après l’invasion de la Baie des Cochons par les exilés cubains en avril 1961, alors que Juanita usait de son influence pour obtenir la libération de plusieurs connaissances, elle a été approchée par son amie Virginia Leitão da Cunha, l’épouse de l’ambassadeur brésilien à La Havane, qui lui a suggéré que ce travail humanitaire pourrait être plus facile si elle était soutenue par la CIA. Juanita s’est envolée pour Mexico en juin, où elle a été interrogée par Tony Sforza, l’organisateur de l’opération Mangouste, un projet de la CIA destiné, selon les directives du président John F. Kennedy, à « aider le peuple cubain à renverser le régime communiste de Cuba depuis l’intérieur de l’île ».
Juanita est la première recrue du projet. Sous le nom de code Donna, elle est retournée à La Havane, où un émetteur à ondes courtes a été installé chez elle. Elle a continué à sauver des personnes de la prison, mais elle a été remarquée par les services de renseignement cubains. À la mort de Lina en 1963, la protection de Juanita disparaît également. Raúl lui rend visite avec un gros dossier contenant un compte rendu de ses activités, et elle sent qu’il s’agit d’un avertissement qu’elle ne peut ignorer. Elle arrive au Mexique en juin 1964 et fait la Une des journaux du monde entier en s’attaquant au gouvernement de son frère Fidel.
Puis, installée à Miami, pendant cinq ans, elle a continué à bénéficier du soutien de la CIA. Mais l’entrée en fonction du président Richard Nixon en 1969 entraîne un changement d’orientation de la politique américaine. Soucieux de promouvoir la détente avec l’Union soviétique, les Américains acceptent de réduire leur propagande anti-cubaine, tandis que les Russes promettent de faire de leur mieux pour persuader Fidel d’abandonner la lutte armée en Amérique latine.
Perdant le soutien financier de la CIA, elle a ouvert une pharmacie sur la Calle Ocho de Miami, une rue où prédominaient les exilés cubains. Juanita avait le sens des affaires et sa pharmacie fut un succès. Elle aurait sans doute prospéré davantage si ses entreprises commerciales embryonnaires à Cuba n’avaient pas été nationalisées dans les premières années de la révolution.
Juanita Castro en 2010
Au lendemain de la mort de Fidel Castro, survenue le 25 novembre 2016, elle déclare : « Je ne me réjouis de la mort d’aucun être humain et je peux d’autant moins le faire avec une personne de mon sang et portant mon nom. […] En tant que sœur de Fidel, je ressens en ces moments la perte d’un être humain de mon sang. » Elle annonce néanmoins qu’elle ne se rendra pas à Cuba pour les funérailles de son frère, dénonçant ainsi les rumeurs sur son éventuelle présence. Elle affirme en outre qu’elle n’a pas l’intention de retourner un jour sur l’île.