Alejandro Muyshondt, ancien conseiller du président salvadorien Nayib Bukele est mort en février dernier, officiellement d’un œdème pulmonaire. Il était en prison. Le président Nayib Bukele du Salvador l’avait officiellement nommé conseiller à la sécurité nationale cinq ans plus tôt.
Muyshondt, autrefois très proche du président, était tombé en disgrâce après avoir dénoncé publiquement la corruption de certains membres du gouvernement. Accusé d’avoir divulgué des informations classifiées à la presse, il a été arrêté en août 2023, détenu, isolé et torturé, sans que sa famille ni ses avocats ne puissent le voir. Finalement, il a été retrouvé mort dans des circonstances troublantes.
Ce qui a récemment ravivé l’attention sur cette affaire, ce sont des enregistrements audio que Muyshondt avait secrètement réalisés lors de réunions avec Ernesto Castro, secrétaire privé de Bukele. Ces enregistrements, publiés par le journaliste Héctor Silva, montrent Castro demandant à Muyshondt de créer un service de renseignement clandestin pour espionner journalistes et opposants politiques. Muyshondt y signale aussi les liens présumés de Bukele avec Guillermo Gallegos, un député suspecté de trafic de drogue, et Herbert Saca, également suspecté de connexions criminelles.
Muyshondt met également en lumière un réseau de corruption dirigé par Osiris Luna, directeur des centres pénitentiaires, qui détournerait les fonds destinés à la réinsertion des détenus. Malgré ses avertissements, Castro minimise les accusations, affirmant que ces « mauvais éléments » sont « leurs mauvais éléments », et que la vraie menace vient de l’extérieur : journalistes et politiciens de l’opposition.
Les enregistrements de Muyshondt ont survécu à de nombreuses perquisitions et se retrouvent aujourd’hui entre les mains de la presse, exposant les dessous du régime. Les réactions du gouvernement, qui tente de discréditer les audios en les qualifiant de montages générés par intelligence artificielle, ne parviennent pas à convaincre. La publication de ces enregistrements jette une lumière crue sur les méthodes du régime et soulève des questions sur l’état de droit et la répression au Salvador.
Sources : El País et le Centre Wilson