Le président argentin Javier Milei mène une restructuration de l’État, qui touche désormais la Casa de Moneda, responsable de la fabrication des billets et des pièces en Argentine depuis 1875. Cette entité publique, employant environ 1 300 personnes, a vu sa production de billets suspendue, le gouvernement ayant choisi de recourir principalement à des fournisseurs étrangers, notamment chinois, pour répondre aux besoins en billets de banque. L’administration de Milei, en quête d’efficacité, a mis fin aux contrats de la Casa de Moneda avec la Banque centrale argentine (BCRA), invoquant des coûts élevés, des retards de production, et la baisse de la valeur des billets de faible dénomination. 

 Les syndicats dénoncent cette mesure comme une atteinte à la souveraineté économique du pays, affirmant qu’elle fragilise les bases d’une économie indépendante en préférant l’importation de billets à la préservation de l’industrie nationale. En parallèle, le gouvernement a décidé de mettre sous contrôle la Casa de Moneda pour une durée de 180 jours, afin de répondre aux manques d’infrastructures et surtout à une dette importante de 400 millions de dollars. 

 Face à une inflation galopante, qui avait déjà poussé le précédent gouvernement à importer des billets, l’administration Milei privilégie désormais des fournisseurs étrangers comme la société chinoise CBPMC et Crane Currency aux États-Unis. Pour le moment, la Casa de Moneda continuera à produire des passeports, des timbres et des documents de véhicules, mais son avenir reste incertain, le gouvernement envisageant plusieurs options, allant de la fermeture à la privatisation, voire à une réduction drastique de ses activités. 

 L’argentine est touchée par la crise économique la plus grave depuis 2001, matérialisée par une récession, une inflation incontrôlée, le déséquilibre des finances publiques, l’attrition des réserves de change et le décrochage du Peso.  

 Elu sur des promesses de revirement de paradigme économique, Javier Milei a ainsi hérité d’une situation économique  difficile. Face à une multitude de chantiers, il a choisi d’agir vite, sans gradualisme, en multipliant les annonces et les réformes depuis son investiture, le 10 décembre 2023, posant les bases de son plan ambitieux de stabilisation et de dérégulation de l’économie argentine. En situation de minorité parlementaire (7 sénateurs du 72 et 37 députés sur 257), le gouvernement a, à ce stade, essentiellement fonctionner par décrets, ou via des annonces de la Banque Centrale, ne réussissant pas à conclure des accords parlementaires pour avancer sur ses réformes structurelles. Ainsi, la loi « omnibus », particulièrement large et dont l’objectif est d’inscrire des réformes structurelles notamment économiques et politiques, est pour le moment en suspens, alors qu’elle était entrée au Congrès avec plus de 600 articles et a été réduite à 300 articles, avec notamment le retrait du paquet fiscal. 

   

 Sources : Direction générale du Trésor, El País,   La Nación (Buenos Aires)  , archives personnelles