À Brumadinho, Le Mouvement des Sans Terres lance le Plan pour planter 100 millions d’arbres

Le plan national « Planter des arbres, produire des aliments sains » est la réponse du Mouvement aux crimes environnementaux de Vale et du gouvernement Bolsonaro

La catastrophe de Vale à Brumadinho a un an. Ce fut un écocide au sens judiciaire du terme. le MST avec la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) et les organisations du Front populaire brésilien lancent, en l’honneur des victimes, le Plan national « Planter des arbres, produire des aliments sains ». Il propose de planter 100 millions de plants en 10 ans.

 « Le Plan est la réponse du Mouvement à la situation de la reddition du Brésil à des étrangers et à la dévastation environnementale ignorée par le gouvernement de Bolsonaro. C’est le devoir de tous ceux qui croient en un monde meilleur de montrer leur indignation le 25 janvier ».

Cette journée sera une journée de lutte contre le modèle minier qui tue. Pour cette raison, nous avons un autre projet pour la campagne, un autre projet pour la société, dans lequel nos actifs naturels seraient préservés et les gens auraient accès aux aliments sains que nous produisons », explique Silvio Netto, de la direction nationale du MST.

L’événement commencera à 13 h avec la marche MST à Brumadinho, puis les premiers plants seront mis en terre. À 17 heures, l’archevêque de Belo Horizonte et président de la CNBB, Dom Walmor, présidera la messe en mémoire des victimes de Vale. Le programme se termine avec des manifestations culturelles.

Le MST entend dénoncer un modèle minier prédateur. La société a agi avec la certitude de l’impunité, puisqu’elle avait calculé… le prix de chacune des 272 victimes avant l’éclatement du barrage à Brumadinho.

 « Vale a un grand pouvoir dans les gouvernements, dans l’État et aussi dans les médias. Il utilise une stratégie de cooptation de certaines communautés, mais compte tenu de la contradiction entre les deux crimes, la possibilité d’une lutte populaire qui l’emporte sur tout cela s’ouvre. Et c’est dans la lutte populaire que cette impunité sera surmontée », précise Netto.

Agroécologie et agroforesterie

À Vale do Rio Doce, la plantation d’arbres a commencé avec le projet de récupération des zones de réforme agraire touchées par le crime de Vale à Mariana, explique le MST dans un communiqué. Par le biais de la Fondation Renova, responsable de la récupération du bassin, les habitants reçoivent une assistance technique pour planifier les lots et planter l’agroforesterie. Il s’agit d’une technique de production agroécologique qui permet de produire des aliments sans utiliser de pesticides tout en reboisant les terrains.

 « Vale a dévasté 23 colonies (des fermes collectives) MST dans le bassin de Rio Doce, avec le crime qu’elle a commis à Mariana. Et plus d’un millier de familles ont dû camper sur les rives de la rivière Paraopeba. Le MST revendique le respect du droit de ces familles », explique Netto.

Les projets en cours dans le bassin du Rio Doce visent le reboisement de 5 266 hectares en 10 ans, principalement dans les zones de recharge en eau et de conservation permanente. Avec une assistance technique aux familles touchées, 2 500 de ces hectares seront agroforestiers. Et dans le domaine de l’éducation, la proposition des agriculteurs est d’étudier l’agroécologie en utilisant la méthode des paysans cubains est en cours d’approbation.

 

Le terme agroforesterie est la traduction d’un néologisme anglais (« agroforestry ») apparu dans les années 1970. Il peut prêter à confusion car l’agroforesterie moderne diffère fortement de la foresterie en ce que les arbres n’occupent généralement que moins de 20 à 30 % de la surface agricole utile. Les termes traditionnels en français sont complantage ou complantation, technique culturale traditionnelle.

Au début du XXIe siècle, il y aurait dans le monde environ 160 millions d’hectares de terres arables couvertes à plus de 50 % par des arbres, soit 3.3 % des SAU (et plus d’un milliard présenterait un couvert forestier supérieur à 10 % sur 5 milliards d’hectares de surface agricole utile (SAU).

La pratique agroforestière semble exister dès la Préhistoire sous certaines formes. Elle est en tout état de cause attestée dès l’Antiquité. Ainsi, dans le monde grec antique, « on pouvait profiter des intervalles laissés entre les lignes de vignes et d’oliviers, quand ils étaient assez larges, pour y cultiver des céréales ou des légumineuses. », et on utilisait souvent, dans l’Antiquité grecque ou romaine, les arbres pour servir de support à la vigne (arbustra).

L’exploitation conjointe sur une même parcelle d’arbres et de cultures paraît importante également au Moyen Âge. Dans un ouvrage de la fin du XIVe siècle décrivant la vie quotidienne dans le nord de l’Italie, de très nombreuses illustrations attestent de pratiques agroforestières très variées. Arbres et cultures y semblent inséparables : sur plus de cinquante planches agricoles, seules trois montrent des monocultures pures… Lire la suite sur la fiche Wikipédia consacrée à cette technique.